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Quand mon coeur se brise

Chaque jour mon cœur se brise,

plus ou moins longtemps,
plus ou moins fort,
la douleur générée
étant plus ou moins intense.

Mon cœur se brise
lorsque je vois un être souffrir
sans avoir les moyens
d’accueillir sa réalité
ou de la transformer.

Mon cœur se brise
lorsque j’entends
un enfant de 10 ans
répéter les propos racistes
qu’il a entendu de ses parents,
en n’ayant pas conscience
que ses mots
peuvent créer de la violence
pour les personnes dont elle parle.

Mon cœur se brise
lorsque je vois des êtres
se parler sans être reliés
à leur cœur,
se parler de tête à tête,
sans aucune douceur,
laissant grandir entre eux,
mépris, haine et rancœur.

Mon cœur se brise
lorsque l’autre
n’a pas l’élan ou les moyens
de recevoir le précieux
que j’essaie de lui partager,
lorsque je vois que ce dernier
pourrait contribuer pour lui.
Douleur de l’impuissance,
tristesse de ne pouvoir contribuer…

Mon cœur se brise
lorsque je vois les conséquences
du conditionnement,
de l’identification,
pour un grand nombre d’êtres humains :
souffrance de la séparation,
souffrance du manque,
souffrance de la quête d’amour…

Quand mon cœur se brise,
j’ai mal, mais je ne souffre pas :
la souffrance naît du refus de ce qui est,
or je choisis de laisser
mon cœur se briser chaque jour,
car c’est la seule façon que je connaisse
de le garder ouvert
sans le blinder d’une couche protectrice,
ou me reculer dans un arrière-plan
aux vertus anesthésiantes
qui ne me permettrait plus
d’être en lien de cœur à cœur
avec chaque être.

Il y a une vingtaine d’années,
je cheminais dans une voie
de chevalerie spirituelle
et j’y ai souvent entendu la phrase
« Que l’Amour soit ton Bouclier ! »
J’ai mis trente ans à découvrir
le sens profond de cette phrase :
ne chercher à mettre aucun bouclier
devant son cœur pour se préserver,
mais choisir consciemment
de le garder ouvert,
en sachant qu’il sera chaque jour brisé.

Garder son cœur ouvert,
accepter qu’il soit brisé,
ne signifie pas rester volontairement
sans rien faire, sans rien chercher à changer
dans des situations, dans des relations
qui nous brisent le cœur :
en pareilles circonstances,
il est bien sûr avisé de se préserver
en exprimant nos limites,
voire en mettant un terme
à des relations qui sont toxiques pour nous.

Garder son cœur ouvert
signifie simplement
ne pas chercher, en amont,
à se préserver en fermant son cœur,
mais ne présume en rien
de l’action concrète que nous poserons :
je peux te dire « stop »,
je peux te dire « non »,
je peux te dire « adieu »,
en te gardant mon cœur ouvert.
Je peux faire le choix
de plus être en relation
avec un être qui me traite d’une façon
qui ne contribue pas à nourrir mes besoins,
à vivre mes aspirations,
sans avoir de lui pour autant une image d’ennemi…

Parfois, je constate
que je suis à ma limite,
que je suis sur le point de fermer mon cœur :
je m’en rends compte car ma tristesse
est en train de se changer en colère,
en rejet, s’exprimant sous forme
de jugements sur l’autre.
Lorsque je me vois arriver à ce seuil,
j’ai un choix : nourrir la violence du monde
en continuant à alimenter des jugements
ou prendre soin de mon cœur
afin qu’il puisse rester ouvert.

Pour ce faire,
j’ai trois moyens favoris,
que j’utilise dans l’ordre,
selon les moyens dont je dispose :

1) tourner mon attention
vers l’espace que je suis
et accueillir dans cette vastitude bienveillante
la part de l’Enfant-Moi
qui a mal, en cet instant

2) utiliser le processus
de la Communication Nonviolente
pour traduire mes jugements
sur l’autre en besoins non nourris chez moi,
être en empathie avec ce que cela me fait,
et voir quelle action concrète
je peux poser pour prendre soin de moi.
Puis, lorsque je goûte davantage de paix,
me relier à l’autre pour tenter de découvrir
quels besoins il cherchait à nourrir
en agissant comme il l’a fait :
lorsque j’arrive à faire cela,
je me sens à nouveau en lien avec lui,
ce qui ne veut pas dire que je valide
ou accepte sa façon de se comporter,
mais que toute image d’ennemi
a disparu de mon esprit
et que mon cœur lui reste ouvert,
même si je me positionne avec clarté
pour me préserver, dans la relation.

3) écouter une musique qui m’emplit le cœur de joie,
dont la Beauté me permet de goûter
l’Unité que nous sommes.
Lorsque je fais cela,
j’observe à chaque fois
combien colère, rancœur, tristesse s’envolent
au fil de la musique qui m’emporte,
car il ne m’est pas possible de chanter
en gardant mon cœur fermé…
Lorsque je chante,
mon cœur s’ouvre,
et bientôt,
c’est mon cœur qui chante…

Je fais le vœu
que ce petit texte
contribue à vous permettre
de garder davantage votre cœur ouvert,
non pas parce que « c’est bien »,
non pas parce que c’est « spirituellement correct »,
mais parce que lorsque notre cœur se ferme,
nous perdons notre organe de perception
de l’Unité que nous sommes,
ce qui est la plus grande douleur
qu’un être humain puisse ressentir.

Puisse ce texte vous aider également
à vous souvenir que
c’est en se reliant à l’espace
du coeur infini de la Présence,
(jamais affecté par ce qu’il perçoit,
mais profondément touché
par ce à quoi il se relie)
que nous pouvons être prêt
à ce que notre coeur d’humain
se brise quotidiennement,
parce que nous choisissons
de le garder ouvert…

Issâ Padovani

Extrait du Livre « Au coeur du Vivant : 140 graines de conscience pour une vie éveillée ».
Vous pouvez acheter ce livre sur le site de l’éditeur (Editions Guy Trédaniel) ou sur toutes les plateformes de vente en ligne, ou chez votre libraire préféré !


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